Saturday, January 4, 2014

Sonnerie d’alerte: journaliste !

La presse est l’un des piliers de la démocratie. C’est le quatrième pouvoir qui garantit la transparence et informe le citoyen sur l’état du pays et l’activité des gouvernants. Les journalistes ont donc un rôle essentiel à jouer, en particulier en période de transition vers la démocratie. L’un des principaux acquis de la révolution tunisienne est la liberté d’expression. Aujourd’hui, les journalistes peuvent tout dire et tout écrire. A condition, qu’ils respectent les principes déontologiques de leur profession : objectivité, neutralité, vérification des informations et leurs diversifications. Malheureusement, de nombreux journalistes, faute d’une formation adéquate et déformés par plusieurs années de dictature ne respectent pas ces règles. Mais un certain nombre d’entre eux essayent de faire leur travail honnêtement et subissent pourtant des attaques en tous genres. Pourquoi ces journalistes sont-ils harcelés et attaqués ?  


Comment garantir leurs sécurité ? Existe-t-il  des lois pour les protéger?   A Sidi Bouzid, berceau de la révolution, de nombreux journalistes ont été attaqués. Nous pouvons citer Saber Sboui, correspondant de la télévision Al Hiwar, Nawfal Horchani, de la télévision Al Wataniya, Kaïs Ammari du quotidien de langue arabe « Al Chourouq » et Wael Laifi de la chaîne de télévision Hannibal. 
Nawfel Horchani de la télévision d’Etat Al Wataniya admet que « de nombreux journalistes ne respectent pas toujours la déontologie ».Saber Sboui qui travaille pour la chaîne indépendante « Al Hiwar » à la ligne anti-islamiste, a été la cible des attaques les plus violentes observées contre la presse à Sidi Bouzid, notamment en juin 2012 lors de la couverture d’une réunion du parti d’opposition Nida Tounès. « Je n’oublierais jamais ce jour », raconte Saber Sboui, « non seulement j’ai été tabassé mais on m’a volé ma caméra » En dépit de la plainte déposée auprès de la police et auprès de la justice, Saber Sboui n’a obtenu aucune réparation et ne connait toujours pas l’identité de ses agresseurs. Sans vouloir le préciser, il soupçonne que ses assaillants sont des hommes de main au service d’un parti politique.

Outre les attaques violentes, les journalistes sont également confrontés à la difficulté d’obtenir des informations auprès des pouvoirs publics. « Nous n’avons pas réellement accès à l’information. Les responsables locaux refusent parfois de nous parler » affirme Kaïs Ammeri du quotidien « Al Chourouq ». Le refus des autorités de collaborer avec les médias est sans doute la conséquence des nombreuses années de dictature sous laquelle a vécu la Tunisie. Les représentants locaux du pouvoir central  et les hauts fonctionnaires n’ont pas la culture des médias et n’ont pas compris l’importance de communiquer. La question est de même pour les partis politiques qui n’admettent pas la critique et font preuve d’intolérance à l’égard des opinions différentes.



Par ailleurs,  Saber Sboui souligne que la justice fonctionne encore selon les paramètres de l’ancien régime. Certes, au lendemain de la révolution, le décret 115 proposé par l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), a consacré en 2011, la liberté de la presse et définit le cadre juridique de la profession. Mais trop souvent encore des journalistes sont poursuivis au titre du code pénal et non selon les références du décret 115. L’INRIC avait également recommandé la mise en place de l’HAICA (Haute autorité de l’information et de la communication audiovisuelle) chargée de réguler le secteur audiovisuel des médias. Mais, accouchée aux forceps en 2013, l’HAICA n’est pas encore réellement en activité et souffre de manque de moyens. Il est donc impératif que ce cadre juridique soit appliqué pour permettre aux médias d’exercer leur rôle avec efficacité. Il est important également que la société civile s’implique pour revendiquer le droit à l’information et exiger des politiciens de faire preuve de tolérance à l’égard de leurs adversaires politiques