La
presse est l’un des piliers de la démocratie. C’est le quatrième pouvoir qui
garantit la transparence et informe le citoyen sur l’état du pays et l’activité
des gouvernants. Les journalistes ont donc un rôle essentiel à jouer, en
particulier en période de transition vers la démocratie. L’un des principaux
acquis de la révolution tunisienne est la liberté d’expression. Aujourd’hui,
les journalistes peuvent tout dire et tout écrire. A condition, qu’ils
respectent les principes déontologiques de leur profession : objectivité,
neutralité, vérification des informations et leurs diversifications. Malheureusement,
de nombreux journalistes, faute d’une formation adéquate et déformés par
plusieurs années de dictature ne respectent pas ces règles. Mais un certain
nombre d’entre eux essayent de faire leur travail honnêtement et subissent
pourtant des attaques en tous genres. Pourquoi ces journalistes sont-ils
harcelés et attaqués ?
Comment
garantir leurs sécurité ? Existe-t-il des lois pour les protéger? A Sidi Bouzid, berceau de la révolution, de
nombreux journalistes ont été attaqués. Nous pouvons citer Saber Sboui,
correspondant de la télévision Al Hiwar, Nawfal Horchani, de la télévision Al
Wataniya, Kaïs Ammari du quotidien de langue arabe « Al Chourouq » et
Wael Laifi de la chaîne de télévision Hannibal.
Nawfel
Horchani de la télévision d’Etat Al Wataniya admet que « de nombreux
journalistes ne respectent pas toujours la déontologie ».Saber Sboui qui
travaille pour la chaîne indépendante « Al Hiwar » à la ligne
anti-islamiste, a été la cible des attaques les plus violentes observées contre
la presse à Sidi Bouzid, notamment en juin 2012 lors de la couverture d’une
réunion du parti d’opposition Nida Tounès. « Je n’oublierais jamais
ce jour », raconte Saber Sboui, « non seulement j’ai été tabassé mais on
m’a volé ma caméra » En dépit de la plainte déposée auprès de la police et
auprès de la justice, Saber Sboui n’a obtenu aucune réparation et ne connait
toujours pas l’identité de ses agresseurs. Sans vouloir le préciser, il
soupçonne que ses assaillants sont des hommes de main au service d’un parti
politique.
Outre
les attaques violentes, les journalistes sont également confrontés à la
difficulté d’obtenir des informations auprès des pouvoirs
publics. « Nous n’avons pas réellement accès à l’information. Les
responsables locaux refusent parfois de nous parler » affirme Kaïs Ammeri
du quotidien « Al Chourouq ». Le refus des autorités de collaborer
avec les médias est sans doute la conséquence des nombreuses années de
dictature sous laquelle a vécu la Tunisie. Les représentants locaux du pouvoir
central et les hauts fonctionnaires
n’ont pas la culture des médias et n’ont pas compris l’importance de
communiquer. La question est de même pour les partis politiques qui n’admettent
pas la critique et font preuve d’intolérance à l’égard des opinions
différentes.
Par
ailleurs, Saber Sboui souligne que la
justice fonctionne encore selon les paramètres de l’ancien régime. Certes, au
lendemain de la révolution, le décret 115 proposé par l’Instance nationale
indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), a
consacré en 2011, la liberté de la presse et définit le cadre juridique de la
profession. Mais trop souvent encore des journalistes sont poursuivis au titre
du code pénal et non selon les références du décret 115. L’INRIC avait
également recommandé la mise en place de l’HAICA (Haute autorité de
l’information et de la communication audiovisuelle) chargée de réguler le
secteur audiovisuel des médias. Mais, accouchée aux forceps en 2013, l’HAICA
n’est pas encore réellement en activité et souffre de manque de moyens. Il est
donc impératif que ce cadre juridique soit appliqué pour permettre aux médias
d’exercer leur rôle avec efficacité. Il est important également que la société
civile s’implique pour revendiquer le droit à l’information et exiger des
politiciens de faire preuve de tolérance à l’égard de leurs adversaires
politiques
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